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Vivre (au mieux) avec une douleur chronique (qui essaie de me gâcher la vie)
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8 avril 2016

Faut vraiment être patiente...ou comment j' aurais pu dézinguer une mamie.

(Check douleur on : J'ai eu de gros soucis liés à la santé de mon fils ces derniers temps, donc j'ai un peu "oublié" non pas d'avoir mal, mais de penser à si j'ai eu mal ou pas. Je suis restée dans un brouillard d'inquiétude, qui plane encore, alors mes maux de dos à côté c'est de la peau de cacahouette grillée. J'ai mal, je le sais, là en écrivant ouais, ça tire. Mais bon si on me garantissait une pleine santé pour mon pirate de fils, je crois que j'accepterais que mes maux soient doublés. Mais ça n'existe pas : mes douleurs sont toujours les mêmes (et heureusement pas plus fortes et héritier crépu ne va pas très bien, alors on fait avec, et on tente de vivre au mieux avec tout ça qui plane au dessus de nos têtes.  Indice douleur : 8/10 pour aujourd'hui. Check douleur off.]

Et pendant ce temps? 

La semaine passée, je suis allée voir un nouvel algologue dans un centre spécialisé sur le traitement de la douleur.  Je n'aime pas aller dans ces trucs. La dernière fois que j'y ai mis les pieds, à Nîmes, le médecin a fait pire que mieux. Il a voulu bien faire, le pauvre (ou plutôt pauvre de moi); mais suite à ses multiples injections de botox très douloureuses en plus (eh oui) dans le bas du dos, sensé bloqué un peu le passage des nerfs et donc de la douleur, tout s'est réveillé puissance deux. C'est donc à cette époque, que Dieu Tramadol est entré dans ma vie, ah merci monsieur le spécialiste hein!.

Bref, trois ans après, il faut quand même que je fasse quelque chose. A 41 ans, je ne peux pas ne rien faire, il faut vraiment trouver quelque chose vers quoi me tourner.

Donc j'y vais gentiment, sur les conseils de mon médecin traitant qui ne sait plus comment m'aider. 

C'est d'humeur motivée que je fonce, zouk à fond dans la sono (oui bon mon poste radio quoi) en direction du centre; l'espoir faisant vivre, après tout pourquoi pas, on y croit! 

J'arrive, je me gare  à la  "one again", parce que - et ça je n'ai jamais compris pourquoi, souvent devant les hôpitaux , il n'y a pas de parking. Donc si tu emmènes ton gamin, pour ce qui n'est pas forcément une urgence, mais quand même, tu lui dis, attends on va se garer à 10 km et tu te tais et tu marches" - Soit. Donc je galère à garer Jeanine, la voiture familiale, mais m'y voilà, et à moins de 5 minutes de marche. Je ne vous dis pas où je l'ai posée, ce n'est pas bien du tout. ( et non surtout pas sur une place handicapée et pourtant j'ai le macaron qui traine en quelque part dans l'un de mes tiroirs.)

Je me précipite car évidemment je suis à la bourre; mais là encore je ne sais pas pourquoi vu que l'on n'est jamais reçu à l'heure non plus; mais bref par principe de ponctualité (ce qui ne me caractérise pas du tout), je trottine tant que je peux vers l'entrée. 

Je double une mamie boiteuse qui marmonne dans sa barbe. 

Et c'est là que d'un coup, tout a basculé vers l'horreur psychologique. 

J'arrive à l'ascenseur bien avant la mamie; j'appuie sur le bouton, car je la vois venir, si je la laisse monter avec moi, elle va ma saouler, je le sens, je le sais, je le vois.  Je la regarde se dépêcher, sa bouche bouge vite aux sons que je n'entends pas, des paroles, ma foi fort intéressantes, qu'elle doit prononcer. Non je ne veux pas qu'elle monte avec moi, après tout il y en d'autres hein, des montes-mémés.

Et la voyant "boitiller" au loin, se dépêchant autant que ses courtes jambes tordues le peuvent, je n'ai pas eu le coeur de lui fermer la porte au nez. J'appuie donc sur le bouton pour l'attendre. 

Et j'attends 

J'attends encore. 

Je reste calme, ne regarde pas ma montre qui refuse d'arrêter le temps, je suis très en retard, mais  j'attends. 

Enfin elle arrive, toute essoufflée, suintante de sueur. Je lui dis bonjour, et lui dis que je l' attendais, qu'elle n'aurait pas dû se presser autant. (Ben oui, j'allais pas lui dire qu'elle aurait pu se magner son cul flétri quand même!).

Elle me remercie gentiment, et me demande pourquoi je suis là et où je vais. Elle n'attend pas la réponse, et part dans une diatribe proche de la diahrrée verbale; je ne dis pas grand chose, j'hoche la tête, et me demande quand ce fichu ascenseur va enfin arriver. 

Et plus la mamie me parle, et moins je suis polie dans ma tête :

-"ah mais vous ne savez pas ce que c'est vous, hein, de vous casser le col du fémur; et vous êtes jeune, mais je suis sûre que vous n'en profitez pas du tout, pourquoi venez vous perdre votre temps dans un hôpital? ); et mon fils qui me dit ce matin qu'il me dépose juste, et qu'il reviendra me chercher, il aurait pu rester avec moi; vous avez des enfants , vous? et mon aide-ménagère qui s'est trompée sur la brioche ce matin, elle ne m'en a donné qu'une tranche, j'ai faim moi; et demain c'est jeudi, je n'aime pas le jeudi, car le kiné il me fait mal et me dit toujours de me taire pour bien faire les exercices, et bla, bla, bla et rebla, rerebla, rererebla..."

Je ne dis rien, je reste concentrée sur les étages qui défilent, et enfin ! L' ascenseur arrive, me voici sauvée. Je cours, je vole, je fuis littéralement cette mamie horloge parlante. 

J'arrive au secrétariat, m'installe ensuite dans la salle d'attente avec mon bouquin, car ça peut durer longtemps, et me perds dans l'histoire vraie du dernier film de Di Caprio. 

Je n'entends pas les petits pas qui approchent, je lis. Je ne me suis pas méfiée et me suis retrouvée prise au piège telle le lapin dans les phares d'une voiture. Quand j'ai pris conscience du danger, il était trop tard, bien trop tard. 

-" et je ne vous ai pas dit que mon chat est rentré l'autre jour avec de la terre plein les pattes; c'est fou comme les gens sont malpolis, hein vous ne trouvez pas? Et vous croyez que j'aurais deux tranches de rôtis ce soir? Parce que bon ce matin, je n'ai eu qu'une portion de brioche, c'est pas normal. Et pourquoi vous venez là, vous? Hein? Moi je me suis cassé le col du fémur. Et mon fils qui me dit à tout à l'heure. Vous avez pas d'enfants vous? .....

Et là, j'ai regardé la mamie et lui ai dit, d'un ton très calme : 

"Ferme ta gueule vieille taupe, tu me saoules, tu me gonfles, tu me prends la tête.  Je m'en fous de ton col du fémur. Je m'en fous de ta brioche, et de ton rôtî. Et si ton fils n'a pas attendu ce matin, c'est parce qu'il te fuit certainement, tellement il en a marre que tu parles.  Tais-toi, la ferme. Tu ne vois pas que je lis, tu peux bien te briser tous les os que je m'en ficherais quand même,, je ne te connais pas. Alors arrête de me parler comme si j'étais ta copine. Bref ta gueule. "

Nan...! Ca c'est bien ce qu'aurait voulu lui dire mon autre moi, celui qui ne sort jamais, qui aimerait bien parfois péter un câble en bonne et dûe forme...Mais le vrai moi, le moi Misscolibri gentil et serviable, a levé la tête, fermé son livre, et a souri à la mamie édentée (et " édentiée "aussi visiblement)

"-Mais comment avez vous fait pour vous casser le col du fémur, madame" me suis-je entendue dire, dans un sourire même pas forcé..

C'est confirmé, on ne se refait pas. 

046

Gardez le smile!

 

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